Florian JOUANNY, au Triathlon de Barcelone
HEROIQUE durant l’IronMan !

L’héroïsme, ça ne se décrète pas, ça se vit ! C’est également une question de temporalité car l’héroïsme, ça ne s’anticipe pas. Ca survient lors d’un moment opportun, parfois inattendu ! C’est ainsi que nous avons vécu cet incroyable défi auquel nous avait confié notre coureur, Florian JOUANNY.

Agé de 25 ans, malmené par la vie il y a 7 ans qui l’a privé de l’usage notamment de ses jambes, Florian avait besoin d’une revanche. Patiemment, il s’est d’abord reconstruit, physiquement puis psychologiquement. Il s’est lancé dans les études pour s’assurer un avenir. Puis il a imaginé des rêves…, des rêves inimaginables ! Cette revanche sur la vie, il l’a alors aménagée, mijotée, patiemment,… et de quelle manière ! Une belle revanche, une magnifique revanche sur et pour la vie, pour reconquérir ce corps qui, un jour, l’a trahi !

Ce défi, son rêve incroyable, était de participer à un Iron Man au milieu des valides. Il voulait sans doute se prouver, à lui d’abord et aux autres ensuite, combien la maladie, il voulait et il pouvait la dépasser et la transcender.

Florian n’a jamais fait de triathlon (même pas un triathlon sprint), ni de marathon. Mais depuis une quinzaine de mois, le projet s’est inscrit dans sa tête et il s’entraîne pour ça… seul souvent, parfois avec son frère ou son père… Jour après jour, il développe et modèle ce corps qui va se mouvoir seulement par les muscles de ses bras. Un long travail qui demande patience et persévérance mais surtout un engagement fort physiquement et psychologiquement avec des entraînements dans des conditions difficiles, parfois très difficiles : la pluie, l’orage qui va lui détruire plusieurs téléphones portables, parfois des chutes. Le garçon se forge un moral d’acier. Il avance coute que coute, inflexible, exigeant avec lui-même, allant jusqu’au bout de ses capacités, aux limites de ce qu’il peut faire… et il enchaîne les entraînements et les sorties plus ou moins longues… Son terrain de jeu, c’est Grenoble et Bourg d’Oisans, sa ville natale.

Avant son envol à Barcelone, Florian était l’invité de l’émission « Si on parlait… » de TéléGrenoble. Il s’est exprimé sur sa préparation et ses objectifs pour cette épreuve. Retrouvez l’interview en début de ce reportage : cliquez ici : TéléGrenoble

 

Mais pourtant les distances et les durées de ces entraînements n’ont rien à voir avec le défi qu’il se propose de mener aujourd’hui, un effort intense et continu de 15 heures, seulement interrompu par la nécessité de satisfaire des soins d’hygiène… Il n’a jamais accompli pareille épreuve mais il en a la volonté. Il va la tenter et son dévolu se porte sur l’IronMan de Barcelone en ce samedi 30 septembre 2017…avec 3,8 km de natation qu’il doit se résoudre à réaliser en dos car le crawl lui pose des problèmes. Nager sur le dos au milieu de 3000 participants est inconcevable sans une assistance pour guider votre trajectoire et même vous protéger des gestes malheureux des autres nageurs. C’est donc tout naturellement son ami d’enfance, Rémi, qui décide de s’y coller et va faire le guide officiel de Florian. Rémi est maître nageur et il n’hésite pas une seconde car il a un cœur grand comme ça !  Ensemble, les deux complices  élaborent une stratégie : placé derrière lui, il va le guider sur la gauche ou la droite par une simple pression sur les chevilles tout en nageant sa brasse de l’autre main ! Bon ! Ils sont conscients que l’entreprise est quelque peu hasardeuse mais l’affaire est ainsi conclue…

Ainsi, dès 7h du matin, Florian est sur la plage dans le parc recouvert de gazon synthétique, pour se préparer et enfiler sa super combinaison qui va totalement lui bloquer les deux membres inférieurs et lui donner l’aspect d’une sirène,… mais une sirène qui nage !

L’IronMan de Barcelone est magnifiquement organisé et tout a été fait pour permettre à trois athlètes handisports de participer au milieu de cette foule de participants. Un arbitre référent est à leur disposition et leur apporte les informations et les aménagements nécessaires. Tout est ici très professionnel !

Grâce à une chaise adaptée avec deux porteurs, Florian sera mis à l’eau. A 8h08, 3 minutes après les meilleurs professionnels, il commence son terrible parcours avec à ces trousses son ange gardien qui le pilote. Avec Rémi, très vite, ils se règlent et progressivement élèvent leur vitesse de progression…

1h 42′  de nage sans interruption en mer alors que Florian ne s’est entraîné qu’en piscine… « Et alors ? »  dira-t-il. Il l’a fait et au bord de la plage, Franck son père et l’arbitre vont de nouveau le dégager de l’eau à l’aide de la chaise spéciale.

   

C’est le moment de la première transition. Habituellement de quelques secondes pour les valides, elle sera nécessairement beaucoup plus longue pour les handisport (16 minutes pour Florian). Il faut enlever la combinaison sirène en position couchée, le sécher méticuleusement car toute humidité sur des appuis très prolongés pourraient provoquer des blessures cutanées. C’est aussi les soins d’hygiène, l’alimentation et l’hydratation ainsi que le transfert sur le handbike, un engin adapté et profilé, de carbone et d’alu…

Couché sur le dos, les pieds calés à l’avant, les mains bloquées sur les poignets du guidon, vêtu de son maillot du Grenoble Métropole Cyclisme 38, il est 10h du matin et Florian s’élance pour 180 km de vélo. Oui ! 180,2 km avec 1000 mètres de dénivelé positive qu’il devrait réaliser dans un temps limite pour ne pas être disqualifié. La veille, des repérages avec tout son staff (Franck le papa, Florence la maman, Léa la copine, Rémi le pote, Bernard le photographe et Jean) ont été réalisés car quelques passages semblent difficiles, voire impossibles à réaliser seul, notamment un passage sous une voie ferrée. Après plusieurs tentatives, Florian améliore sa technique et franchit l’obstacle. Impressionnant le garçon ! Lorsque la volonté commande, le corps s’exécute ! Quelle belle leçon !

C’est alors un grand et long temps d’effort et d’énergie où Florian va mettre à mal sa ténacité et sa hargne. Des consignes pour aménager ses efforts et gérer hydratation et alimentation lui sont données mais à chaque fois, il ne s’arrêtera que le moins de temps possible, renforçant encore un peu plus nos craintes d’une défaillance possible. Florian est totalement dans sa dynamique de course et notre crainte est de le sentir dans cette euphorie qui, dans des moments d’engagement physique extrêmes, occulte les bons raisonnements et les bonnes décisions et provoquent de façon brutale, une fringale redoutable ou un épuisement irrémédiable qui oblige à l’abandon. Dans le staff d’encadrement, tout le monde est en tension, bien conscient des enjeux mais aussi totalement subjugué par le comportement de Florian qui garde toute sa lucidité et ne faiblit pas ! Impressionnant ! C’est finalement au bout de 7h 49′ d’effort qu’il conclut son périple à vélo et se présente sur l’aire de la deuxième transition.

Florian doit être transféré sur le fauteuil d’athlétisme mais là aussi, il va nous surprendre car en 8 petites minutes, il est déjà prêt et se présente sur l’aire de départ du marathon… 42,2 km ! Il est 18h. Le jour va décliner et peu à peu la nuit va tomber. Il faudra compter sur l’éclairage public pour qu’il puisse s’orienter, ce qui devient compliqué. A cela il faut rajouter que Florian sent qu’il est capable de réaliser cet exploit, être le premier français à réaliser et à terminer un Iron Man. Non seulement il ne veut rien lâcher mais il se dit qu’il peut peut-être, aller plus loin dans la performance et rentrer dans les temps limites des pratiquants valides. Il lui reste 5h. 5h pour faire ce marathon nocturne !

Mais parfois la chance n’est pas toujours au rendez-vous. La pluie d’abord qui fait son apparition et ne va pas arranger la situation. De plus, il éprouve beaucoup de difficultés à s’alimenter et  c’est presque de force qu’il va devoir engloutir ce qu’il peut, bananes et boisson. A chaque point difficile du parcours, un membre de l’équipe le stimule et veille sur lui. Franck d’abord puis le pote Rémi, toujours le même, vont devoir lui ouvrir la route pour mieux le guider… et donc courir la distance, ce qui n’était pas prévu… Un vrai ami, ce Rémi !

Coup de tonnerre au 20ème km ! Lors du franchissement d’un passage souterrain, le boyau du fauteuil se perce et il faut réparer. L’équipe est là pour transférer Florian sur une chaise et permettre de s’occuper du fauteuil. La bombe anti crevaison ne marchera pas car le trou est trop gros… C’est un long moment de stress que Florian va rapidement résoudre à sa façon. Remis sur son fauteuil, il repart avec le boyau crevé…

   

Si prêt du but ! Le doute s’installe dans la tête des accompagnants… Mais pas dans la tête de notre sportif ! A cet instant, le découragement n’est pas possible. Il faut foncer car le chronomètre continue à tourner et ça, Florian le sait… donc, il redouble d’énergie et ne se pose plus de question. Un seul objectif, la ligne d’arrivée. A tout prix et sans aucun état d’âme, la rage au ventre. Encore quelques kilomètres dans la nuit alors que la pluie s’est provisoirement arrêtée. Rien n’arrête notre homme et il grignote et mange les derniers kilomètres qui le séparent de la ligne d’arrivée.

La ligne des finishers est en vue… Le public, malgré l’heure tardive est bien là. La musique est tonitruante et les décibels explosent. Les organisateurs aussi sont présents et l’attendent de pied ferme car en fait, c’est une véritable ovation qui attend Florian avec un public admiratif tout acquis à sa cause… Un énorme moment d’émotion partagée, de félicitations et de marques de sympathie qui s’expriment à cet instant précis et récompensent cet énorme exploit qu’il vient de réaliser avec au final, un chronomètre incroyable de 14h 54′ et 40 », qui lui permet de rentrer dans les temps limite des valides avec une place de 2370ème : juste ENORME ! Chapeau, l’Artiste ! Le directeur de l’organisateur lui remettra la superbe médaille des finishers qu’il viendra lui accrocher au cou dans un grand moment d’émotion. Une seconde médaille sera offerte par l’organisateur et Franck viendra l’accrocher au cou de Rémi qui, lui aussi, a réalisé un incroyable exploit et gagné le Marathon de l’Amitié.

ENORME ! C’est vraiment le mot qui résume toute cette aventure d’une semaine autour d’un projet, celui que nous a fait partager Florian, à la conquête du Graal, l’IronMan de Barcelone dont il faut souligner la magnifique organisation. (Crédit Photos : BP Reportages)

Quand l’être humain est plus fort que la maladie, plus fort que son ombre ! Comment ne pas croire en l’homme et en ses capacités ? Comment ne pas admirer les pouvoirs du mental sur le corps ! Félicitations Florian ! Tu nous as bluffé et nous sommes très admiratifs !

Jean

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