Julien GAILLARD nous raconte son sacre :

Il s’agit du championnat d’Europe Master (amateurs) de grandfondo et mediofondo.
Pour 2 années (2024 et 2025), il est organisé dans le cadre de l’Ardéchoise, cyclosportive (et
cyclotouriste) populaire créé en 1992, à St Félicien, en Ardèche.
Chaque année des milliers de participants se pressent dans ce petit village typique du nord
Ardèche. L’ambiance y est très conviviale et de nombreux villages traversés proposent des
animations et ravitaillements aux coureurs.
De nombreux parcours sont proposés, du Gravel depuis 2025, sur 1 ou plusieurs jours. Il y’a
même une Ardéchoise des jeunes (lien vers article dédié ?).
Cette course a donc été sélectionnée pour accueillir un championnat et pour l’année 2024, il
avait lieu le même jour que l’Ardéchoise classique mais avec un départ anticipé.
En 2025, le championnat ce tenait le lendemain, dimanche 15 juin 2025.
Le mediofondo se courait sur le parcours dit « Les Boutières » (134kms pour 2470m de d+) et le
grandfondo lui sur le parcours « Volcanique » (186Kms pour 3495m de d+).

Sur la ligne de départ, peu avant 7h30, nous sommes quelques centaines à patienter et écouter
les dernière consignes de sécurité. Me concernant, je suis plutôt détendu, je ne suis pas devant
mais connaissant parfaitement le parcours et le secteur je sais qu’il sera possible de remonter
d’ici à la première difficulté afin d’être placé à l’avant.
Je croise un collègue du Club, Lubin DER PARSEGHIAN.


Ce parcours, je le connais parfaitement pour l’avoir parcouru à de nombreuses reprises (en
course ou non). La seule modification récente est le dernier col qui a été introduit en 2024 (col
du Rouvey) augmentant la durée et la difficulté. Mais la également, je l’ai déjà grimpé.
Il est d’ailleurs, mentalement au moins, le lieu ou je devrai assurer. Seul contre moi-même déjà
car l’an passé j’ai vraiment mal vécu la seconde partie de course (parcours Ardéchoise 236Kms)
mais éventuellement contre d’autres coureurs desquels il faudrait me séparer.
La fin du parcours est plutôt longue, environ 20Kms de faux plat descendant, peu propice à se
jouer une place. Et mes qualités de sprinteur étant ce qu’elles sont, il est préférable de gérer
mon affaire avant le dernier Km.

A 7h30, le départ est donné, comme prévu, il me faut quelques kilomètres pour me replacer,
sans m’affoler mais malgré tout avec pas mal de nervosité dans le peloton; l’allure est assez
soutenue, puisque l’on monte en environ 22 minutes (contre 24′ pour mon meilleur temps en
course auparavant).
Je passe le col dans les 10/15 premiers afin de faire la descente vers Lamastre à ma main. Elle
est dangereuse, sinueuse.
Arrivé à Lamastre, je recolle au plus tôt au groupe de tête qui a temporisé légèrement.
De nombreuses attaques interviennent, notamment des coureurs du médio, et ce jusqu’à la
bifurcation au Km 48 au Cheylard.
La, le groupe fond et nous ne sommes en présence d’une cinquantaine de coureurs.
De nouveau, certains ont des fourmis dans les jambes, mais la, c’est l’équipe Matériel Vélo qui
reprend les fuyards, clairement Thibaut Clément est protégé, il est d’ailleurs assez loin de la tête
bien au chaud dans le peloton; Il fait même un brin de causette, c’est dire comme le gars est
bien :D.
A l’approche de la principale difficulté du jour, le col de Mézhilac, les Matériel Vélo vissent très
très fort, ils assureront un train jusqu’au passage au Gerbier de Jonc et donc juste avant la
redescente.
Je m’accroche plutôt bien jusqu’à Mézilhac, je sais que ce n’est pas du tout le moment de
flancher, je vois que certains coureurs très habitués ces cyclos sont aussi à la limite.
Passé Lachamp-Raphaël, nous sommes une petite douzaine dans un groupe #2 à entamer la
longue descente, la pluie vient de faire son apparition.
Je fais la descente devant, je la connais parfaitement, la route est très humide je ne veux
prendre aucun risque.
Dans la partie moins raide, nous ne sommes plus que 7 et peu ont vraiment envie de collaborer
et rouler.
A Saint Martin de Valamas, Lucie est la pour mon ravitaillement, je prends donc mon bidon et un
nouveau gel.
2 concurrents on la bougeotte et je prends quelques relais en essayant de gérer mes watts.
Nous apercevons le groupe devant, mais manifestement il y’a un nouveau coup de vis et nous ne
les reverrons plus.
A St Agrève, nouveau ravito et nous reprenons un concurrent de l’avant.
Quelques attaques de nouveau puis la descente du col de Freydaparet nous permet à nouveau
d’écremer un peu.
Nous effectuons la montée du col de Rochepaule à ma main, du bon I3. J’entame la descente en
appuyant un peu histoire de prendre un peu d’avance afin d’aborder le dernier col du Rouvey
dans de bonnes conditions.

Nous l’abordons à 5, puis rapidement nous ne sommes plus que 4, Aitor QUINTANA ZARATE qui était
plutôt à l’arrière du groupe est en cannes et me laisse à mi pente. Tout comme Sagnier JEAN-FRANÇOIS qui
finalement me lâche lorsque je peine à maintenir des watts au seuil 1.
Mais tant pis, je reste focus pour ne pas voir revenir du monde. Ce col est vraiment
interminable, on rejoint la route de Lalouvesc mais cela monte encore pour quelques
kilomètres. Et la pluie est de nouveau bien présente, il fait plutôt frais.
A Lalouvesc, je le sais, je n’ai plus qu’à rentrer les oreilles, les coudes, baisser la tête et appuyer
autant que possible jusqu’à l’arrivée. Je fais une descente prudente sur route très humide au
début, bien plus sèche sur la fin, en finissant l’eau de mes bidons.
Mon garmin m’affiche alors un message de Lucie, 1er de catégorie à Lalouvesc. Mais prudence, il
peut y avoir des soucis.
Je reprends un coureur dans les derniers kilomètres, manifestement cuit puisqu’il ne prend
même pas la roue.
Et je termine les 2 derniers kilomètres en appuyant au maximum mais sans pouvoir me mettre
en danseuse, les quadriceps tétanisés.
J’hésite un moment à lever les bras, montrer le maillot pour passer la ligne mais je juge périlleux
de passer les bosses de chronométrage sans les mains sur le cintre avec la fatigue. D’autant que
j’ai malgré tout un doute sur ma place.

                         

A l’arrivée, je dois m’asseoir quelques minutes pour récupérer et laisser passer la descente
d’adrénaline.
Puis je file me changer et retrouver famille et collègues près du Podium.
Pierre Berger, m’indique aussi par SMS que je suis titré, j’ai du mal à y croire encore.
Après un peu plus d’1h, le protocole se met en place et je suis bien appelé pour monter sur la
première marche du podium.
Très heureux de pouvoir être la, après un bel effort, satisfait du travail accompli cette année
pour me préparer.
Nous faisons aussi quelques photos avec les autres titrés sur grandfondo et Thibaut Clément,
toujours aussi sympa.

                         

Merci à mes proches de supporter ma passion et d’avoir été la le jour J, au bord de la route pour
m’encourager et me ravitailler. Merci également à quelques personnes clés dans cette prépa,
Pierre Berger et Guillaume Rostalski pour le petit coup de pouce à m’inscrire et envisager le titre
en avril, à Matthieu Rieux qui m’a bien soutenu et m’a aidé à me fixer un objectif personnel et
relativiser sur les enjeux. Et puis au coach Fred Ostian qui a posé les bases il y’a quelques années
dans ma pratique en compétition. Les quelques soignants qui supportent aussi mes doutes et
petits bobos du quotidien, Guillaume, Kévin, Laurent.
Et merci à tous les copains de près ou de loin qui m’ont fait un petit message avant ou après la
course.
Dernière pensée à mes grands-parents, Ardéchois, j’aurais aimé qu’ils soient encore la
dimanche.
J’aime le vélo pour m’évader, la compétition pour me dépasser.

 

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  • Gaillard Danielle dit :

    Bravo à mon fils chéri Julien.
    Il peut désormais vivre sa passion du vélo après des responsabilités d’adulte trop jeune.
    Il est volontaire et déterminé dans tout ce qu’il entreprend et j’en suis très fière.
    Pour « l’Ardéchoise » ce podium est encore plus important de part ses origines !!

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